Sujet apparemment simple, la question du vêtement du soir est en fait assez complexe. Grâce à James Bond, tout le monde sait ce qu’est un smoking, et certains connaissent également le queue-de-pie, habit des dîners d’État qui n’est plus guère la norme que dans les bals viennois. Mais il existe en fait de grandes variations sur le thème de ce que nous appelons en France improprement “smoking”.

Le black tie britannique ou tuxedo chez nos amis d'outre-Atlantique est un costume complet, c'est à dire pantalon et veste d'un même tissu, souvent du grain de poudre bleu nuit ou noir. Les revers sont satinés, de même que la bande du pantalon. La chemise est à boutonnage caché ou à goujons, on camoufle la ceinture du pantalon par un gilet échancré ou le plus souvent par une ceinture de soie venue des Indes britanniques au doux nom de cummerbund.

Si la veste de black tie seule peut-être désignée comme dinner jacket, on entend surtout sous cette dénomination des vestes en velours, noir ou de couleur, portées avec le pantalon en laine mentionné précédemment. En français, on parle parfois de veste de cocktail. La veste blanche en laine froide ou en lin pour l’été rentre aussi selon moi dans la catégorie des dinner jackets. Ces tenues sont un peu plus décontractées que le « black tie » académique, mais restent très adaptées à divers événements mondains. 

Reste ensuite la grande famille des vestes d’intérieur ou de fumoir. C’est en fait un grand continuum entre la dinner jacket et la… robe de chambre. Historiquement, les hommes retiraient leur veste de redingote ou de queue-de-pie à la fin du repas pour enfiler une smoking jacket leur permettant de fumer le cigare sans risquer d’endommager leur tenue. Ces vestes pouvaient être courtes ou longues, et se fermer à l’aide de boutons, de brandebourgs ou d’une ceinture. S’y retrouver entre les innombrables modèles est une vraie jungle, et je ne vous propose ici qu’une classification personnelle. 

J’appelle « veste d’intérieur » une veste fermant par une ceinture et pouvant être en soie, en velours ou en laine, s’apparentant à une robe de chambre courte. Elle peut-être très élégante mais étant plutôt un vêtement flou (par opposition à un vêtement tailleur et la construction qui va avec), elle est très décontractée. Comme son nom l’indique, elle ne se porte que chez soi.

Ce que je nomme « smoking jacket », pouvant se traduire par veste de fumoir, est une veste en velours à col châle et brandebourgs. C’est plutôt un vêtement tailleur. Elle peut être droite ou croisée, avoir des revers ou des nœuds hongrois aux manches, du galon sur le revers, etc. C’est un vêtement d’une classe folle, bien loin des caricatures à la playboy, et qui mériterait selon moi d’être remis au goût du jour.

On l’a vu, les vêtements du soir et d’intérieur sont aussi historiquement que stylistiquement liés, et le respect des codes n’est en rien un obstacle à la fantaisie. Soyez confortables et élégants !