J’ai cherché un bon moment le juste ton pour cet article. Il ne fallait pas que ce soit trop prescriptif mais pas trop léger non plus. Remettre le petit chapeau de paille au goût du jour me tenait à cœur depuis un moment déjà, mais l’arrivée progressive des grands ciels chauds et bleus fut le facteur déclencheur de la rédaction de cet article. Avant toute chose, il faut savoir de quoi l’on parle : le canotier est un chapeau de paille à bords et à fond plats, agrémenté d’un large ruban.
Créé à la fin du XIXe siècle par les marins du même nom, naviguant par canots, et dont il constituant une partie de l’uniforme, le canotier fut très vite repris et popularisé par une certaine partie de la population. La haute société coiffe ses enfants de petits canotiers, et le milieu du sport est adepte du chapeau de paille à bords plats. Les sportifs en dehors de leur pratique ainsi que les spectateurs sont charmés, et le canotier devient peu à peu ce qu’on pourrait peut-être appeler le premier accessoire de sportwear de l’histoire. Rien que ça ! Nous parlions récemment des spectator shoes ; le canotier en est en quelque sorte l’équivalent pour les couvre-chefs, une sorte de « spectator hat ».
Cela est d’autant plus vrai qu’il connaît un grand succès tout au long du XXe siècle, notamment dans le milieu du cinéma et des comédies musicales. Nous avons tous vu Fred Astaire danser en costume avec de beaux souliers, sa canne et son canotier. De la même façon, durant le courant du XIXe siècle, lorsque le « canot » perd son utilité pratique et devient un divertissement pour les parisiens en goguette, ces derniers reprennent les codes vestimentaires des marins et se coiffent de ce chapeau. Les femmes le portent également, toujours dans un cadre relativement sportif et détendu.
Le canotier finit paradoxalement par devenir un signe ostentatoire d’aisance et de statut social, tant et si bien que malgré son état de simple chapeau de paille, il répond désormais à des règles : il doit être porté penché en avant et sur l’oreille, pour ajouter du mouvement et une décontraction toute calculée. Les dimensions et les formes des canotiers évoluent en outre et tout au long du XXe siècle en fonction des goûts et des tendances. Ainsi, les matières, la largeur des bords, l’épaisseur, le ruban sont autant d’éléments modifiés et revisités pour convenir aux caprices des femmes comme des hommes.
D’élément d’uniforme à accessoire de mode, il n’y a qu’un pas. De la Marine à Fred Astaire en passant par Coco Chanel, le canotier qui ne paie pas de mine est et demeure un accessoire qui a son charme. Mais alors, comment le porter aujourd’hui ?
Il est plus facile d’imaginer un couvre-chef élégant et formel pour la saison hivernale que pour l’été. Le canotier étant une pièce forte et décontractée, il peut et doit être porté et décliné dans des tenues originales, plus audacieuses qu’un simple costume de ville, entrant dans une démarche tout à fait personnelle du style. Que cela soit avec un pantalon à pinces léger et une chemise, ou un jean et un t-shirt, un polo… le canotier peut-être une alternative tout à fait valable à la casquette pour des tenues plutôt casual. C’est un chapeau léger, qui se pose simplement sur la tête, et qui protège convenablement du soleil. De par sa couleur, et sans oublier son traditionnel ruban, il apporte un certain contraste en termes de matière et de couleurs, transformant complètement une tenue très simple.
Naturellement, il n’est pas indispensable de suivre la vieille règle du port sur le côté et incliné avec désinvolture sur l’oreille, à moins que cela vous plaise. Avec un costume, l’accessoire a certainement fait ses preuves, mais on le voit moins souvent porté dans des tenues casual. J’espère donc que cet article, en vous montrant la polyvalence et la légèreté du canotier, en plus de son originalité dans le vestiaire actuel, vous donnera envie de combler ce manque. J’espère ainsi en voir un peu plus cet été dans les villes ou sur les plages !